Plongée Marseille sont des mots qui vont très bien ensemble
03 juin 2010Marseille, capitale française de la plongée ?
Peut-on apprécier la plongée dans la deuxième ville de France ?
Si la réputation de Marseille qui évolue est encore trop marquée par ses images de saleté et de pollution, saviez-vous que la ville s’étend sur plus de 50 kilomètres de littoral, qu’elle bénéficie d’une qualité d’ensoleillement à faire pâlir tous les nordistes et qu’elle recèle des trésors naturels exceptionnels pour les explorateurs subaquatiques ?
La réputation des calanques n’est plus à faire, et la beauté des îles voisines de la ville va être valorisée par une initiative d’envergure, le Parc National des Calanques qui a pour ambition de protéger l’environnement exceptionnel que nous offrent les archipels de Riou et du Frioul. Ce premier parc naturel péri-urbain permet à mon sens de donner sa juste valeur à ce patrimoine d’exception.
Cet environnement préservé et sauvage, la richesse naturelle et la beauté des fonds sous-marins réunissent tous les critères pour des plongées inoubliables.
La cité phocéenne s’affirme en effet comme le lieu de rendez-vous du monde de la plongée, en atteste la présence du Centre d’Océanologie, de la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins (seule fédération de sport n’étant pas à Paris !), des organismes professionnels et spécialisés tels l’Institut National de Plongée Professionnelle, le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines ou la Comex, spécialiste de la plongée par grands fonds sans oublier une fierté marseillaise, la socité Beuchat. Crée par Georges Beuchat dans les années 30, la société Beuchat est liée au développement des activités subaquatiques et aux premières expériences de plongée sous marine qui se sont déroulées dans les calanques de Marseille.
Il est vrai qu'en matière d'exploration sous-marine, tout ou presque a débuté à Marseille.. La mise au point du premier détendeur par Cousteau et Gagnant, dans les années 40, les premières fouilles archéologiques sous-marines sur l'épave romaine du Grand Congloue, dix ans plus tard, la création de la Comex, entreprise pionnière de la plongée industrielle profonde, au début des années 60...
La réputation marseillaise se maintient donc à son plus haut niveau et les plongeurs en font, l’année durant, leur site privilégié pour assouvir leur passion et ils ne s’y trompent pas. Les différents centres de plongée proposent en toute sécurité une initiation à ce sport ou des stages de perfectionnement afin de contempler le « Monde du Silence » et suivre les traces de la fameuse Calypso et son Commandant Cousteau, auteur de nombreux films sur la découverte de la faune, de la flore et l’exploration d’épaves dans la région.
Ce qui caractérise le plus les plongées à Marseille, c’est la diversité des sites , on en dénombre plus de 40, une richesse que bien des destinations exotiques peuvent nous envier.
Certes vous ne trouverez pas ici des multitudes de poissons colorés caractéristiques des mers tropicales, quoique vous pourriez être surpris. La principale force des plongées à Marseille est la qualité des reliefs, qui offre au regard des paysages merveilleux avec des pics, des arches, des tunnels… ces reliefs ne laissent aucune place à la monotonie, d’autant que chaque parcelle de rochers est elle aussi recouverte de vie grâces aux éponges, algues calcaires, gorgones, anémones sans parler des surplombs tapissés de corail rouge, espèce endémique de Méditerrannée. La préservation des mérous porte désormais ses fruits et il n’est pas rare d’en croiser lors de nos plongées.
Là où la qualité de l’équipement prend toute sa justification, c’est quand on parle de température d’eau, fluctuante selon les effets du mistral : celle-ci peut varier de onze à douze degrés en hiver à plus de vingt cinq en été, mais même en plein mois d’août l’effet mistral peut ramener le tout à quatorze degrés. Mais rassurez-vous les combinaisons sont adaptés et les différents centres de plongée proposent désormais tous des combinaisons épaisses de sept millimètres voire des combinaisons étanches pour ceux qui disposent de la formation nécessaire à leur utilisation.
En somme, la plongée à Marseille c’est facile et unique. Plus d’une dizaine de centre professionnels vous accueillent pour vous emmener visiter la beauté des sites.
Parmi mes sites préférés, je citerais :
- les pharillons, à l’extrémité sud de l’île Maïre, avec des arches somptueuses rappelant Vallont Pont d’Arc dans lesquelles les loups, sars daurades et dentis ne manquent de s’engouffrer
- l’îlot Moyade, réputé pour son plateau aux mérous et ses sars tambours rayés comme des zébres
- les Impériaux au Sud de l’île de Riou, chapelet de trois rochers qui s’enfoncent respectivement à 20, 40 et plus de 60 mètres avec de véritables couloirs à Gorgone
- la point de Caramassaigne (Riou) et le Grand Congloue avec une densité exceptionnelle de faune à tous les étages et jusque soixante mètres
- l’île plane avec son Cap sud riche en gorgones et langoustes notamment dans la célèbre Grotte à Perez et aussi dans les petites arches de l’Esteou, véritables cénotes marseillaises, et son petit port naturel qui a plein de charme à offrir aussi bien aux débutants qu’aux experts,
- l’île Jarre avec sa magnifique grotte (à vrai dire un tunnel large, lumineux et féérique) arc en ciel,
- les îles du Frioul avec le beau tombant de Tiboulen et la magnifique « piste de ski » de la Pierre percée, sans oublier le tombant de cavau
- bien sûr l’île du Planier avec ses tombants et ses épaves
- enfin il serait injuste de ne pas parler des charmes de la côte bleue au Nord Ouest de la rade, avec des sites comme les calanques de laVesse, de Niolon et de Méjean, de l’île de l’Elvine
Enfin on ne peut parler de la beauté des sites de Marseille sans parler de ses épaves, dont je vous conte quelques histoires :
1- Le Chaouen : (île du Planier)
Le 21 Février 1970, ce cargo qui transportait des oranges, battant pavillon marocain, faisait route vers Marseille. Vers 22h30, le signal de détresse fut capté par le capitaine du remorqueur Provençal 15. Vers minuit, le remorqueur arriva sur les lieux où se trouvait le cargo échoué, celui-ci flottait encore. Après plusieurs tentatives de remorquage, le lendemain à 13h30, le capitaine donna l’ordre d’abandonner le navire et 45 minutes après, le Chaouen se pencha vers bâbord et coula à pic. La proue est restée émergée de quelques mètres pendant environ une quinzaine d’années. Encore aujourd’hui, les causes du naufrage sont mystérieuses et incompréhensibles car la mer était calme et un léger mistral soufflait. Le navire heurta les roches du Boulevard-des-Dames à une vitesse d’environ 12 nœuds. Il s’encastra dans les rochers et la violence du choc provoqua une grande déchirure de la coque à tribord. Il y avait 30 hommes d’équipage à bord.
Vers 6 mètres, la proue
du navire apparaît ouverte. Il est impératif de plonger avec une lampe. Au cours de la plongée, il est conseillé de se diriger vers le flanc tribord puis vers le mât du radar. A cet endroit précis, vous pourrez admirer le Chaouen dans toute sa splendeur si l’eau est extrêmement claire. L’épave est en excellent état de conservation. Il est possible de faire la plongée en une seule fois de la proue à la poupe. A 36 mètres, vous pourrez voir l’hélice tordue qui laisse présumer de l’intensité du choc ainsi que le gouvernail. Avec un peu de chance, vous pouvez rencontrer quelques congres tapis dans les cales. Les indispensables paliers pourront être faits aux abords de la coque encore intacte.
2- Le Dalton : (île du Planier)
Dans la nuit du 18 au 19 Février 1928, le Dalton, un cargo de 50,5 mètres de long sur 9,75 mètres de large en provenance de Grèce, approchait de Marseille. Il transportait du plomb. La brume était si dense que l’équipage n’aperçut pas la lueur du phare de l’île du Planier portant tout de même à 37 milles ! Soudain, le navire fut stoppé brutalement. Il heurta le récif de la Pierre à la Bague. Le naufrage fut inévitable. Sa coque se déchira et l’eau s’engouffra rapidement dans les cales. Malgré toutes les tentatives de l’équipage pour le dégager, il sombra coupé en deux en 45 minutes. Tous les membres de l’équipage furent recueillis par les gardiens du phare du Planier. Un pêcheur passant par là en prévint un autre qui rentrait au port et ce n’est que 8 heures plus tard que les secours arrivèrent. A la suite de ce naufrage, le phare de Planier fut équipé en T.S.F.
Aussi bien pour le Chaouen que pour le Dalton, la plongée est possible que si la mer est calme et le vent faible. La proue du Dalton est orientée vers l’île. Située dans les éboulis rocheux à une profondeur de 15 mètres, cette épave a beaucoup souffert. Lorsque l’on se dirige vers l’arrière du cargo, on commence à reconnaître quelque chose à partir de la partie centrale du navire. On y distingue les machines et la chaudière. La poupe est en bon état de conservation. Le bastingage a résisté et le pont subsiste par endroit. A 33 mètres, l’hélice et le gouvernail sont les pièces de choix de l’épave. Sur cette épave, on rencontre beaucoup de sardines, de sars et de castagnioles. Quelques petits mérous se trouvent parfois dans la cale arrière.
3- Le Liban : (île Maïre)
Le Liban est un paquebot qui a été construit en 1882 en Ecosse. Ce naufrage est considéré comme étant la plus grande tragédie ayant eu lieu dans les eaux marseillaises. Le dimanche 7 Juin 1903 vers midi, le Liban quitte le port de la Joliette à destination de la Corse. A son bord, 220 passagers dont 41 membres d’équipage. Au même moment, l’Insulaire, paquebot appartenant à la même compagnie que le Liban, se dirige vers la cité phocéenne. Les deux bateaux avaient l’intention de se croiser normalement, et ordre a été donné par les deux commandants de virer à droite afin de se croiser. Ayant peur de heurter les rochers de l’île Maïre, le commandant de l’Insulaire ordonna « à gauche toute », mais dans son esprit, il ne s’agissait que de reprendre son cap initial. La manœuvre fut fatale, l’Insulaire heurta violemment le flanc bâbord du Liban vers 12h30.
Il est conseillé de débuter la plongée par la poupe située à 36 mètres. Elle est en bon état mais elle est coupée de la partie centrale du navire. Vous pouvez encore voir l’hélice de bronze à moitié enfouie dans le sable. En remontant vers la proue, vous tomberez sur l’énorme chaudière qui a conservé les traces de l’explosion. Le reste du navire se dégrade avec le temps. Vous pourrez y voir des mérous, des murènes, des langoustes, des loups, des Saint-Pierre, des sars tambours, des congres cachés dans le magma des tôles tordues. Au niveau de la flore, de grandes gorgones rouges recouvrent la partie la plus profonde du paquebot. Il est préférable de se munir d’une bonne torche. Ensuite, il suffit de remonter légèrement sur votre gauche lorsque vous avez dépassé la proue pour entamer vos paliers de décompression vers l’arche des Farillons.
4- La Drôme : (rade de Marseille non loin de l’île Maïre)
Lancé le 10 mars 1887 à Saint-Nazaire, la Drôme rejoint Brest pour achever son armement et faire des essais à la mer. Long de 69 mètres pour 10 mètres large, il déplace 2 172 tonneaux. Il navigue à 11 nœuds grâce à sa machine alternative de 1 100 CV et une hélice en bronze quadripale aujourd’hui disparue. Le 23 janvier 1918, il arrive tranquillement en vue de Marseille, chargé de fûts de pétrole. A 5h48, alors qu’il vient de s’engager dans le chenal de sécurité, une énorme déflagration retentit sur bâbord. La Drôme vient de sauter sur une mine. Elle s’embrase et coule en moins de 30 secondes.
La visibilité y est très variable. L’épave est coupée en deux parties distantes d’une dizaine de mètres et repose à 45 mètres droit sur sa quille. Du fond vaseux, elle s’élève de 7 mètres, plutôt bien conservée malgré ses 113 ans. Commencez plutôt par la cale avant, en l’évitant car elle ne présente que peu d’intérêt. Palmez vers la proue, passez sur le treuil et rejoignez le superbe canon de l’avant, qui pointe sur tribord. Descendez le long de la proue, prenez un peu de recul et savourez tranquillement le spectacle. Longez le flanc exposé aux rayons du soleil et écartez-vous de l’épave d’une dizaine de mètres. Vous traverserez une nuée d’anthias que vous n’aviez pas vus à la descente.
5- Le Messerschmitt : (île du Planier)
Le 07 mars 1944, Hans Fahrenberger capitaine dans la Luftwaffe, décolle aux commandes de son Messerschmitt pour intercepter des bombardiers américains B-17 se dirigeant vers Marseille. Avec son équipier, il repère les avions ennemis et les attaque. Leur technique : se placer dos au soleil afin que les Américains ne les aperçoivent qu’au dernier moment. Plongeant en piqué, Fahrenberger ouvre le feu mais rate sa cible. Alors qu’il se replace pour un deuxième passage, le moteur du Messerschmitt s’arrête soudain en lâchant de la fumée. Heureusement pour lui, les chasseurs d’escortes américains ne le poursuivent pas. Il est suffisamment haut pour planer quelques minutes. Hans Fahrenberger dirige son appareil vers l’île du Planier. Il réussit à amerrir, par une mer formée, à quelques dizaines de mètres de l’îlot. Le chasseur coule en quelques secondes. Fahrenberger ne doit son salut qu’au parachute qui lui fit office de bouée.
Le Messerschmitt est posé à l’envers sur un fond de sable par 45 mètres. L’épave est très délabrée. Il reste une pale de l’hélice sur les trois qu’elle comptait, qui commence à s’ensabler. On peut néanmoins encore voir le canon de 30 mm qui se trouve dans le moyeu de l’hélice. Les deux ailes sont toujours fixées à la carlingue et en assez bon état. Par contre l’empennage et la queue de l’appareil sont pliés, pratiquement séparés du reste du fuselage. Le cockpit n’est absolument pas accessible. On peut encore voir le train d’atterrissage, il reste un pneu sur le train droit. Pour le retour, il faut prendre plein Sud jusqu’au tombant, puis la remontée pourra se faire de deux côtés : soit roche main droite pour atteindre l’épave du Dalton, soit roche main gauche pour atteindre l’épave du Chaouen. Il y a beaucoup d’anthias, et quelques rascasses rouges et chapons. La flore, sans être spectaculaire, a donné une magnifique couleur rouge-or au Messerschmitt.
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