Se former au premier niveau de plongeur international en 1 week-end…
Arnaque ou pas arnaque ?
Cet été, je pars en vacances à la mer… J’aimerais bien pouvoir faire de la plongée sous-marine, mais je n’ai aucun niveau. En me renseignant un peu, j’ai vu que je pouvais passer mon premier niveau en mer, en une semaine, ou en fosse de plongée à Paris sur un week-end. J’ai également téléphoné au club de plongée de la piscine qui est près de chez moi, et eux, m'ont dit qu’il me faudrait tout un hiver pour avoir le niveau 1 ! Je n’y comprends rien, une semaine pour les uns, un week-end ou un an pour les autres, qui m’arnaque ?
Personne ! N’en déplaise à certains, adeptes de la souffrance et de longueurs en tous genre, gage de qualité s’il en est, former un débutant en 2 heures de théorie et 6 heures de pratique est tout à fait possible. Mais encore faut il savoir le faire…
Question de temps…
Lorsque vous plongez en mer pendant une semaine, il s’agit en fait de 5 jours de plongées, à raison de deux plongées par jour d’environ 40 minutes chacune, nous arrivons à 400 minutes de pratique.
En Fosse de plongée, en 6 heures de formation, nous en sommes à 360 minutes. Ce rapide calcul nous permet de constater qu’en temps de formation, si au départ la différence nous semble énorme, au final, les deux formules ne sont pas tellement éloignées. Pour ce qui est des formations proposées en club associatif, il s’agit d’une offre qui correspond à d’autres attentes. Si l’objectif final est le passage d’un niveau, la réalité est tout autre, dieu merci, il ne faut pas un an pour préparer un niveau 1 !
La plupart du temps, vous ne ferez pas de plongée bouteille toutes les semaines, mais également de la nage avec palmes, de l’apnée, vous aurez ainsi un bagage aquatique assez complet en fin de saison. Pour autant, entre les différentes vacances, l’organisation du club, et une ou deux absences,
vous n’aurez pas plus d’une vingtaine d’heures de pratique, réparties sur huit mois…
Choisissez la formule qui vous convient le mieux.
Se former en mer… Bien évidement, la plongée sous marine se pratique en mer.
Et pour cela, rien ne remplacera jamais l’expérience acquise dans ces conditions !
Lors de cette formation, outre les techniques de base nécessaires à la plongée, vous apprendrez également à regarder, à évoluer en milieu naturel. Cela peut ne pas y paraître, mais lorsque l’on se promène sous l’eau, sans rien faire en particulier, on continue à apprendre beaucoup ! Votre corps mémorise des sensations, des réflexes, votre adaptation au milieu est optimale, vous engrangez de l’expérience… Petit revers de la médaille, il faut accepter cet apprentissage, cette adaptation, cette remise en cause, et quelquefois la lecture de certains ouvrages pendant le temps de vos vacances...
Se former en club associatif…
Le club associatif dépasse largement le cadre de la plongée sous-marine.
Les attentes, les offres, des uns et des autres, ne sont pas uniquement orientées vers le diplôme.
Ces structures sont également l’occasion de contacts sociaux, de moments de convivialités.
Elles offrent en outre la possibilité de faire du sport. Les entraînements, très étalés dans le temps, permettent une meilleure adaptation pour ceux qui en ont besoin. Les quelques restaurants, fête du club et autres anniversaires durant l’année vous feront passer d’excellents moments…En attendant la sortie en mer de fin de saison pour valider votre niveau.
En contre partie, il vous faut savoir qu’une telle organisation n’est pas sans contrainte.
Vous devrez suivre assidûment un entraînement hebdomadaire en soirée. Accepter d’être dans un même groupe et de voir les mêmes personnes toute l’année.
Sachez également que si vous êtes du genre pragmatique, ayant plutôt l’ambition de compenser l’effort par la technique, si vous n’avez pas particulièrement envie de faire du sport, l’eau chlorée de la piscine vous laissera probablement un goût amer…
Enfin, vous l’avez compris, si vous choisissez cette formule, il ne faut pas avoir d’impératif de temps pour obtenir votre diplôme.
Se former en 1 week-end… De plus en plus, d’anciens moniteurs ayant exercés en mer pendant des années se reconvertissent en continuant d’exercer leur métier « en ville ».
Ces professionnels, souvent travailleurs indépendants, proposent des formations courtes, la plupart du temps sur un week-end ! Si pour certains cela peut paraître une gageure, voire limite dangereux, il faut savoir qu’il n’est en effet pas donné à tous les moniteurs de pouvoir le faire.
Il faut une grande expérience, beaucoup de pédagogie, savoir se passer du superflu pour aller à l’essentiel, sans pour autant être minimaliste, voire réducteur… Mais que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’une formation sur le fil du rasoir, ou tout peut arriver, le meilleur comme le pire.
L’expérience de ces moniteurs professionnels, leur permet de savoir exactement se dont a besoin un plongeur pour évoluer en toute sécurité, et pour ceux à qui le week-end ne suffirait pas, ces structures ne vous laisseront pas tomber et vous proposeront des compléments de formation.
Aujourd’hui, si ces formules connaissent un certain engouement, c’est parce qu’elles viennent combler, enrichir, une offre qui n’était plus suffisamment adaptée aux nouveaux modes de consommation.
Si votre objectif est de vous former pour pouvoir partir vite, en profiter rapidement sur le lieu de vos vacances, si votre emploi du temps est serré, si vous avez beaucoup d’autres activités, si encore, vous préférez les petits comités, c’est bien vers un professionnel qu’il faut vous diriger !
Dans cet esprit, la piscine, et plus particulièrement la fosse de plongée est un outil extraordinaire pour votre apprentissage. L’eau est chaude, claire, il n’y a jamais de vagues, de courant, nous sommes dans un « milieu protégé ». Il n’y a rien à voir ? Tant mieux !
Nous allons pouvoir travailler.
Lors d’une formation en mer, sur une plongée de 40 minutes, en général, nous partageons la séance en une vingtaine de minutes de travail et le reste pour de la promenade. En fosse, toute l’heure est consacrée aux exercices. Ainsi, lorsque vous serez diplômé, vous aurez un bagage technique souvent supérieur à ceux qui se sont formés en mer.
Par contre, et c’est un fait indéniable, il vous manquera l’expérience du milieu. Croyez moi, en deux plongées d’exploration, vous aurez transféré les compétences acquises en milieu artificiel vers le milieu naturel, et plutôt que d’apprendre pendant votre séjour, vous profiterez !
Vous aurez ainsi gagné du temps sur vos vacances…
La contre partie de ces formations, courtes et performantes, est leur densité. Cependant, lorsque l’on ne s'est pas trompé dans son choix, cela devient l’avantage principal.
Pendant vos 6 heures de formation, votre moniteur « ne vous lâchera pas », il sera constamment avec vous, attentif aux progrès comme aux lacunes, pour vous amener au niveau 1 en fin de formation. Même si nous restons bien entendu dans le domaine du plaisir, il faut donc être motivé.
Enfin, n’oubliez pas que tout ce qui s’apprend vite s’oublie vite ! Il est donc conseillé de partir plonger rapidement, l’idéal est dans les semaines qui suivent. Dans le cas contraire, faites une remise à niveau avant de partir, elle vous permettra d’aborder vos vacances en toute tranquillité…
A chacun ses responsabilités.
Il faut se réjouir que toutes ces offres existent, elles contribuent toutes au développement de notre activité. Pour les moniteurs, il est certainement souhaitable que nous proposions ce que nous savons faire le mieux, d'informer les clients honnêtement et les aider à faire le choix qui leur est le plus adapté, sans critiquer le travail des autres. Il nous est à tous arrivé de faire des formations dont nous étions peu fier, de recevoir des plongeurs dont nous avons volontiers dit dans notre jargon qu’ils étaient « des plombs », et d’incriminer le moniteur qui les avait formés. Si vous pensez le contraire, vous êtes encore atteint de la maladie du moniteur, à laquelle personne n’échappe, mais dont il faut se soigner absolument, la maladie du « je suis le meilleur du monde ». Au passage, et pour faire référence à notre actualité nationale, il n’y a pas que les moniteurs de plongée qui soient atteint de ce mal, même les juges d’instruction se font soigner aujourd’hui ! Pourquoi pas nous ?
Nous savons que le temps passé pour les formations n’est pas un gage absolu de qualité.
Par contre, nous avons tous nos responsabilités. Le client, de se remettre en cause régulièrement par une remise à niveau avant de partir, de plonger dans les limites de ses compétences du moment, pas uniquement de son diplôme. Le moniteur sur place, de tester ses plongeurs afin qu’il sache à qui il a à faire pour pouvoir garantir la sécurité et le plaisir.
Le formateur, de faire de son mieux pour délivrer de bons diplômes, et lorsque ses formations sont courtes, de prévoir un forfait qui permettra à son élève de parfaire sa formation sans se ruiner en séances complémentaires. Une chose est sûre, plus un plongeur plonge, meilleur il sera, il en va de même pour le moniteur dans son enseignement…
Bruno Dumoulin.