MYTHES ET REALITES DU METIER DE
MONITEUR DE PLONGEE
Plus tard, je serai astronaute… En attendant, je suis moniteur de plongée sous-marine !
Quand on y pense, c’est presque pareil, d’ailleurs les entraînements de sorties extras véhiculaires se déroulent en piscine. Comme les astronautes, les moniteurs de plongée doivent posséder un grand nombre de compétences, alliées à une excellente condition physique.
Nous sommes également un peu les James Bond modernes. On a un équipement sophistiqué, de grosses montres, on vit toute l’année sous les cocotiers, nos cheveux et notre corps sont dorés au soleil, on voyage, les filles sont folles de nous, bref, c’est le rêve.
Si vous avez cette vision du métier, et si vous comptez l’appréhender avec cet esprit, relisez les fleurs du mal. « Chaque îlot signalé par l’homme de vigie est un eldorado promis par le destin ; L’imagination qui dresse son orgie ne trouve qu’un récif aux clartés du matin »
Ni rêve, ni récif, être moniteur de plongée est un véritable métier. Il faut réfléchir, se renseigner avant de s’embarquer.
Quelque soit votre parcours, d’où que vous veniez, nous sommes tous confrontés à la même réalité.
Devenir moniteur :
D’abord, il faut passer un monitorat. Lequel ? Globalement, il existe pour un Français, deux types de diplômes. Le BEES1 (brevet d’état d’éducateur sportif 1er degré) qui est le seul diplôme en France et dans les DOM-TOM qui autorise son titulaire à enseigner contre rémunération.
S’il adhère à la FFESSM, ce moniteur se verra remettre une carte de moniteur CMAS deux étoiles (confédération mondiale des activités subaquatiques) et pourra ainsi travailler dans presque toutes les mers du globe. Si le brevet d’état est long, cher, il est le garant d’une bonne formation. Pour celui qui veut aller plus vite, il y a une autre possibilité, passer un monitorat PADI (professional association of diving instructors).
Il faut bien l’avouer, cette formation est mieux reconnue à travers le monde et les possibilités d’emploi sont plus nombreuses. Souvent, les moniteurs Français ont les deux cartes… Mais est-ce suffisant ?
L’exercice du métier :
Il faut savoir que le moniteur de plongée évolue dans le monde des loisirs et du tourisme. Aussi, s’il ne parle pas au moins l’anglais correctement, souvent, ce moniteur restera au chômage ! En fonction de la zone de plongée, les directeurs de centres demandent souvent à un moniteur de savoir parler soit, anglais/italien, anglais/allemand, anglais/espagnol … Suivant l'endroit dans lequel il travaillera, le moniteur devra également avoir des compétences pour l’entretien du matériel, le pilotage des bateaux, gonfler les bouteilles, animer des soirées, savoir quelquefois, pour l'entretien du centre, se transformer en peintre, en maçon, il devra encore souvent participer au nettoyage des locaux, pouvant aller jusqu’à entretenir les sanitaires en enlevant les poils en tous genres dans les douches. Mais la bonne volonté et les compétences techniques ne suffisent pas. Un bon moniteur de plongée possède également une solide fibre relationnelle et beaucoup de psychologie. Il faut encore aimer les gens, avoir envie de faire plaisir, de servir, de faire découvrir. Vous l’avez compris, être moniteur de plongée sous-marine ne se limite pas à plonger.
Vous êtes prêt à tout ? Vous voilà bardé de votre diplôme, vous vous débrouillez en anglais, est-ce qu’il y a du travail ? Oui ! Il y aura toujours du travail pour un moniteur qui est prêt à bouger. Il suffit de trouver la mer. De nos jours, être quasi sur de trouver un travail en sortant d’une école avec son diplôme en poche est plutôt extraordinaire… Par contre, il faut être prêt à en accepter les conditions.
Au début, vous découvrirez les sites avec la même passion que les plongeurs dont vous avez la charge. Par la suite, et c’est entre autre là que cela deviens un métier, il vous faudra continuer à le faire croire. Lorsque vous en serez à la 500 ème plongée de la saison, fatigué, enrhumé, et que le Napoléon déjà vu 150 fois cette année viendra vous saluer, il faudra avoir l’air émerveillé ! Une charge de travail importante, de grosses responsabilités, une disponibilité, une excellente condition physique et psychologique, un petit salaire, et comme dans tous les métiers, une certaine répétitivité… Voilà la réalité !
Les futurs astronautes sont toujours là ? En me lisant, certains d’entre vous se diront que je suis un peu péssimiste peut être.
Pourtant, s’il on en crois les statistiques de PADI en la matière, il apparaît que la durée moyenne d’exercice d’un moniteur est de 1an et demi ! La capacité qu’auront donc certains individus à transformer cette passion de départ en une véritable démarche professionnelle leur permettra de continuer l’aventure. Passés les rêves et les doutes, être moniteur de plongée peut en effet être une aventure formidable. Le métier est riche, en évolution permanente et rapide. Si les possibilités de promotions sont rares et limitées, les spécialités sont nombreuses.
Vous pouvez devenir moniteur Nitrox, Trimix, Bio…
Lorsque vous serez très bon dans une zone, avec une organisation particulière, un type d’embarcation que vous connaissez, une équipe rodée, des sites que vous connaissez par cœur, partez…Ce métier est fait pour découvrir. Lorsque que vous arriverez dans un autre centre, vous apprendrez de nouveau beaucoup. Ce que vous pensiez bien faire ailleurs se fait différemment ici. Le bateau est différents, et nécessite une autre organisation. Vous receviez 30 clients par jours, et ici, c’est 150. Vous étiez simple moniteur, aujourd’hui vous êtes moniteur chef…
La rémunération :
En ce qui concerne la paye, sachez d’emblé que vous ne serez jamais riche. Un bon centre de plongé vous paiera entre 1300 et 1500 euros brut par mois, et c’est déjà bien. Pour cela, il vous faudra travailler environs 50 à 60 heures par semaine, souvent sur six jours. Les contrats de travail ne sont pas toujours « très catholiques », mais bon, lorsque l’on vit en Egypte ou en Thaïlande, on se débrouille toujours.
L’aura du moniteur :
Si vous restez « dans votre bocal », avec votre habit de lumière en néoprène, pilotant hardiment votre bateau, bronzé, conseillant, dirigeant, vous serez le roi du monde.
Certains cadres en vacances iront même de leurs confidences en vous disant, « entre nous », que nous avons un beau métier, que nous véhiculons du rêve, que eux, gagnent bien leur vie, mais qu’au final il n’ont pas fait grand-chose… Restez serein, gardez à l’esprit que de retour en France, le néoprène se porte mal en ville, vous serez un poisson hors de l’eau…
Si vous vouliez faire un métier pour épater, mieux vaut être astronaute !
Vieillir et rester moniteur…
Rares sont ceux, qui, taillés sur mesure restent moniteur de plongée. Ils ont commencé seul, rencontre quelqu’un et continuent à voyager à deux, puis à trois, et finissent sur une île…
Si vous êtes de la grande majorité des moniteurs, viendra le jour où vous aurez envie de faire autre chose. Attention, le retour peut être cinglant ! Vous êtes habitué à un rythme de vie à l’étranger, souvent dans des pays tropicaux, ou malgré le travail, la vie est moins stressante.
Les formalités administratives, les loyers, les factures, toutes ces contraintes que nous connaissons bien, sont en générale plus légères, voir inexistantes, et le retour sous nos latitudes peut donc être dure. Plus on est armé, mieux c’est. Il faudra préparer le retour longtemps à l’avance, le mieux est dès le départ. Partir avec un autre métier en main est l’idéal…
Partir pour partir, ou revenir sur un coup de tête est toujours plus difficile.
Après 15 ans…
En 15 ans d’enseignement, mon bilan est plutôt positif. Je ne suis en effet pas riche, mais j’ai enseigné dans beaucoup de structures différentes, rencontré beaucoup de gens. Développé un certain nombre de compétences.
J’ai eu quelques responsabilités et j’ai donc appris à organiser, former et encadrer des moniteurs.
Aujourd’hui, je suis toujours moniteur (travailleur indépendant sur Paris), j’ai 40 ans, et si je me suis souvent dit que j’aurai mieux fait de suivre un parcours « normal », au final, je suis fier d’exercer le métier qui est le mien. Je sais que les qualités, les compétences nécessaires pour durer ne sont pas données à tous. C’est un beau, c’est un vrai métier. Je ne regrette rien, j’espère que l’aventure continuera encore longtemps.
La retraite ?
Pas fou ! Vous croyez que je resterai en France à survivre avec une petite retraite ?
Est-ce que j’ai envie de continuer à payer toutes ces factures pour que l’on nous mette des feux rouges, des places de parking payantes et pour avoir un procès dès que je mets un pied en dehors des clous ?
Je compte bien la passer sous les tropiques, et pour améliorer l’ordinaire, ouvrir un petit club avec une monitrice… Jeune de préférence, blonde et folle de moi… Et vous ?